Un jeune d’Amboise, dans le train du retour

logo_aumonerie amboiseLe train de la mémoire, la mémoire du passé vers le futur.
Nous, les jeunes, que beaucoup ont tendance à sous-estimer, sommes là pour sortir de nos cages, « casser les murs », comme dit notre pape, à jamais … Les murs entre la shoah et nous ont été fissurés, non pas cassés, car jamais nous ne vivrons comme Primo Levi, Karol Pila, et tant d’autres. Nous sommes les témoins pour demain, les adultes qui ont vu et essayé de comprendre l’incompréhensible. Continuer la lecture de « Un jeune d’Amboise, dans le train du retour »

Les historiens et la shoah

Les historiens et la shoah, choix méthodologiques et portée éthique avec Annette Wieviorka – Idées – France Culture. Emission de 29′ diffusée le 15 mai 2014.
Annette Wieviorka, Historienne, auteur de nombreux ouvrages notamment A l’intérieur du camp de Drancy (FMS, 2012)
et de
Nouvelles perspectives sur la Shoah (avec Ivan Jablonka),  PUF 2013

Etudier le nazisme pour comprendre le droit ?

Etudier le nazisme pour comprendre le droit ? – Idées – France Culture. Emission diffusée le 30 octobre 2014. A partir du livre de Johann Chapoutot : « La Loi du sang : penser et agir en nazi ». Gallimard, oct. 2014

Témoignage de Capucine, de Saint-Erembert, 2014

Depuis mon année de 3ème je voulais faire ce voyage. Notre prof d’histoire nous en avait parlé et c’était vraiment une volonté de participer à ce voyage.

En réalité, je ne sais pas trop pourquoi je voulais y aller. Aller sur un endroit de mort, voir une atrocité aussi violente que celle de la Shoah ? Un peu absurde comme idée.

A l’aller je ne me rendais pas compte de ce que nous allions voir et vivre, on jouait, riait, parlait… Sans trop évoquer entre nous là où nous allions.

Même une fois sur place je ne pouvais réaliser une telle horreur. C’était inimaginable ! Dans ma tête beaucoup de questions faisaient surface. Comment ont-ils pu faire ça ? Comment ne pas se révolter ? Pourquoi agir ainsi ? Comment trouvaient-ils la force de survivre ? Comment être capable de déshumaniser autant ? Comment avoir autant de haine ?

Finalement j’étais remplie d’incompréhension. Cette incompréhension finalement, je ne la comprends toujours pas…

On nous a demandé de témoigner mais vous savez, témoigner sur quelque chose d’incompris est très dur. C’est pourquoi je me sens capable de raconter ce que j’ai vu mais je suis absolument incapable de raconter ce que j’ai entendu, ce qu’il s’est passé là-bas et ce que je pense avoir compris. Je ne peux même pas exprimer réellement les émotions et les sentiments qui sont en moi… De l’incompréhension ? De la rage ? De la tristesse ? De l’étonnement ? De la reconnaissance envers les survivants ?

Oui, parce qu’en effet, pendant 4 jours on entend énormément les mots « mort », « tuer », « massacrer », « cadavres »… C’est à ce moment-là que l’on se rend vraiment compte de la chance enfin plutôt de l’héroïsme des survivants.

D’ailleurs toutes ces personnes ont des Noms et Prénoms, on oublie souvent cela. On utilise les nombres de morts comme des statistiques banales sans même se poser la question de qui se cache sous ces nombres. C’est en effectuant ce voyage que je me suis rendue compte de cela et surtout de l’importance de l’identité de chacun !

Au retour, on ne se rend pas compte de ce que l’on a vraiment vécu, un peu comme un arrêt dans le temps. On revient et tout le monde nous dit « Alors c’était bien ? Raconte !! », Dans le fond on voit ce que les gens attendent de nous mais sur la forme il est impossible pour nous de répondre à cela. NON ce n’était pas BIEN !!! C’était dur, impressionnant, révoltant, inimaginable, incompréhensible, irréel ! C’est alors que l’on se rend compte qu’en ayant vécu ce voyage, on ne peut le partager pleinement, uniquement avec les personnes l’ayant fait. Personnes d’autres ne pourra jamais comprendre ce voyage, ce travail de mémoire, travail de questionnement fait durant ces quatre jours.

On en revient changé ! Je ne saurais encore dire ce qui a changé chez moi mais même s’il faut attendre plusieurs mois pour m’en rendre compte, j’attendrais.

C’est seulement en revenant que je comprends cette envie d’avoir participé au voyage. L’envie d’essayer de comprendre l’incompréhensible, de rendre réel l’irréel, d’imaginer l’inimaginable, de dire l’indicible, de voir l’invisible, d’entendre le silence. Je pensais pouvoir rendre ces idées possibles mais finalement elles sont impossibles.