Autour du film « A la vie »

Jean-Jacques Zilbermann
Jean-Jacques Zilbermann

A peine rentrés d’Auschwitz, les élèves de Notre-Dame de Sion, Paris ont été heureux de se retrouver à nouveau pour partager un moment fort, celui de la projection du film A la vie de Jean-Jacques Zilbermann, sorti le 26 Novembre.Les première images nous ont rendu plus réels encore les rails, le froid, la nuit, les cris, les baraquements de Birkenau où trois femmes devenues amies, Lili, Rose et Johanna vont être emportées et séparées dans la Marche de la mort.
Pourtant, comme son titre l’indique, ce film est une marche vers la vie. Vie de l’amitié d’abord, car dès son retour en France, Lili s’efforce de retrouver Johanna … qu’elle rejoint enfin en 1962, pour partager quelques jours de vacances à Berck. Et Johanna n’est pas seule, elle est venue avec Rose mariée au Canada. Entre les trois amies renaissent les rites du camp, inscrits dans leurs gestes comme le tatouage sur le bras : elles mangent d’abord le pain rassis, elles utilisent sans fin le même sachet de thé … Mais les silences aussi s’installent : Rose ne veut rien dire du passé, elle se sent coupable d’avoir laissé prendre son enfant pour survivre. Lili ne veut pas s’avouer qu’elle est malheureuse avec son mari, ancien déporté que pourtant elle aime. Le film rend audible ces silences, mais rend visible la force plus grande de l’amitié, l’appel irrésistible du désir.
Car à Berck, c’est l’été. On danse le jerk sur la plage, on fait la planche dans les vaguelettes, on s’achète des bikinis, on mange des glaces et on cuisine pour le séduisant animateur du Club Mickey. Les corps humiliés, reniés, abimés, réapprennent le plaisir et libèrent la parole jusqu’au chant !
Le film se clôt en effet sur un film d’archives personnelles datant de 1997 : les trois « vraies » amies devenues vieilles; dont la mère du réalisateur, rient en chantonnant une comptine de colonie de vacances.
Avec délicatesse et talent, Jean-Jacques Zilbermann nous montre que la vie peut-être plus forte que toutes les horreurs, surtout quand l’amitié lui donne un sens.
Un professeur de français de Notre-Dame de Sion, Paris

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