Georges Bensoussan. L’histoire confisquée de la destruction des Juifs d’Europe

Conseillé par Martine Querette et Laurent Bargas :
Des décennies durant, on a cru que la catastrophe juive délégitimerait pour toujours l’antisémitisme. Pourtant, dès 1946, des pogroms étaient perpétrés en Pologne et, en France, les années 2000 ont vu grandir un antisémitisme inédit depuis la guerre. Si le génocide a débordé depuis longtemps le cadre des communautés juives, jusqu’à devenir en Occident un événement culturel, ça et là apparaissent des critiques sur la place qu’il prend dans la mémoire collective.
Ce sentiment de saturation relève en réalité d’une société qui a fait du génocide un alpha et un oméga de la création : à l’inverse du but recherché, cette centralité mémorielle a fini par empêcher de penser le présent. La tragédie semble réduite à un slogan incolore, les « heures les plus sombres de notre histoire », qui nous fait oublier que ce présent est gros de tragédies nouvelles. Dans le même élan, l’histoire juive se trouve accaparée et accusée de masquer les autres récits, sans que personne n’ait au final tiré de leçons du passé.

Bensoussan, Georges. L’histoire confisquée de la destruction des Juifs d’Europe. Usages d’une tragédie. PUF, 2016. (Intervention philosophique). 9782130607106

« Nous n’irons pas voir Auschwitz ». Récit graphique de Jérémie Dres

« Auschwitz, cinq années d’anéantissement pour plus de mille ans de vie et d’histoire du peuple juif en Pologne. Un traumatisme encore si présent qu’il ferait oublier tout le reste. C’est le reste que je suis allé chercher. » Jérémie Dres
Préface de Jean-Yves Potel.
Cambourakis, 2011. 978-2-916589-76-3

Récit autobiographique : deux frères décident d’aller en Pologne après la mort de leur grand-mère. Elle leur disait « il n’y a plus de Juifs en Pologne », ils ont enquêté, rencontré des Juifs polonais ou non, des Polonais …

Très bon livre découvert à l’exposition du Mémorial de la Shoah : « Shoah et bande dessinée » qui est encore prolongée jusqu’au 7 janvier 2018.
Il parle de mémoire familiale et traite aussi de l’évolution du rapport des Polonais avec ce qui s’est passé dans leur pays

Essais historiques sur le nazisme et sa propagande

Trois suggestions de lecture :

Johann Chapoutot. La loi du sang - Penser et agir en nazi. Gallimard, 2014. (Bibliothèque des histoires). 9782070141937
Saul Friedländer. Réflexions sur le nazisme - Entretiens avec Stéphane Bou. Seuil, 2016. 9782021098563
Christian Ingrao. La promesse de l'Est - Espérance nazie et génocide, 1939-1943. Seuil, 2016. (L'Univers historique). 9782021332964

Stéphane Audoin-Rouzeau. « Une initiation – Rwanda (1994-2016)

Stéphane Audoin-Rouzeau, historien spécialiste de la Première guerre mondiale raconte dans ce livre court mais fort sa confrontation avec ce qu’est un génocide :

« Après trois décennies d’un parcours de recherche entièrement consacré, dès l’origine, à la violence de guerre, un « objet » imprévu a coupé ma route. On aura compris qu’il s’agit du génocide perpétré contre les Tutsi rwandais entre avril et juillet 1994, au cours duquel huit cent mille victimes au moins ont été tuées, en trois mois.
Ce qui se joue ou peut se jouer chez un chercheur, dans l’instant tout d’abord, dans l’après-coup ensuite, constitue l’axe du livre qui va suivre. Car l’objet qui a croisé ma route ne s’est pas contenté de m’arrêter pour un moment : il a subverti, rétroactivement en quelque sorte, toute la gamme de mes intérêts antérieurs. Présentation de l’éditeur.

Entretien avec l’auteur dans l’émission de France-Culture : Les discussions du soir avec Frédéric Worms du 6 février 2017

« Le Rapport Pilecki : déporté volontaire à Auschwitz 1940-1943 »

Couverture : le rapport PileckiRécit autobiographique d’un grand résistant polonais qui s’est volontairement fait enfermé dans Auschwitz pour pouvoir témoigner.
Pilecki, Witold. Le Rapport Pilecki.
Varsovie, 19 septembre 1940 : un officier de réserve polonais se fait volontairement arrêter lors d’une rafle par l’armée allemande. Son nom : Witold Pilecki. Sa mission : être interné dans le camp d’Auschwitz pour y constituer un réseau de résistance.
Un bon complément à ce que nous avons vu dans les pavillons polonais du musée d’Auschwitz I.
Conseillé par le Père Dujardin : juin 2014