Participer au Train de la Mémoire a été une expérience très particulière, et par là j’entends singulière, au sens où elle ne trouve nul équivalent dans mon histoire personnelle. En effet, il apparaît que ce voyage – terme auquel je préfère substituer celui de « démarche » – n’a rien d’anodin : il est un terrible pèlerinage sur la terre grise où l’Homme a perdu sa qualité la plus intrinsèque, son Humanité. Terre sur laquelle la victime fut déchue de son statut d’Homme, et son bourreau, par là même, condamné à pareille amputation.
Se rendre en des lieux de Mémoire si lourdement chargés de sens requérait donc une solide préparation. Ainsi, nous nous sommes tous impliqués dans les conférences, les visites et les diverses autres activités préliminaires, soudant le groupe, nous forgeant des avis, nuançant nos opinions, de telle sorte que ce fut sereins et déterminés que nous abordâmes cette démarche dans laquelle nous nous étions lancés.
Les camps d’Auschwitz constituent un microcosme hors du temps et de l’entendement. De ce fait, le trajet en train a permit de marquer une réelle transition entre préoccupations quotidiennes et atmosphère de recueillement à l’allée, et relâchement de l’esprit au retour de deux jours particulièrement éprouvant pour le moral. Sur place, les divers ateliers auxquels nous avons pu participer se sont révélés d’une grande richesse, à travers la diversité des questions soulevées et des réponses formulées. A ce propos j’ajouterai à titre personnel que le fait de se rendre à Auschwitz au sein d’un groupe m’a été précieux. En effet la cohésion mais aussi l’hétérogénéité du groupe ont favorisé pour l’une un soutien direct aussi bien qu’indirect absolument bienvenu, et pour l’autre une réflexion foisonnante.
La Shoah pose des questions essentielles à propos de l’Homme, et si c’est chargé des ces multiples interrogations que nous sommes partis, et bien que ces quatre jours aient apporté leur lot de réponses, il me semble que le but premier de ce Train si atypique reste d’entretenir la flamme de la Mémoire, pour que jamais plus nous cessions d’être Hommes.
HC, Ecole Massillon