1. Les faits :
1935 – Les lois de Nuremberg placent les tziganes en marge de la communauté allemande
1940 – les premiers camps d’internement de Tziganes
27 Avril 1940 – Expulsion des Tziganes et « semi-Tziganes » de la frontière occidentale de l’Allemagne vers le gouvernement général de la Pologne
Juin 1941 – Les Tziganes sont victimes des massacres commis par les « Einsatzgruppen » à l’Est
Novembre 1941 – 5.000 Tziganes sont déportés dans le ghetto de Lotz, dont 2.689 enfants. Ils seront gazés à Kulmhof (Chelmno) entre Janvier et Avril 1942
16 Avril 1942 – Le décret Auschwitz Erlass ordonne la déportation de tous les Tziganes vers Auschwitz. Environ 20.900 Tzinganes sont internés au « Familienlager », le camp B de Birkenau dans des conditions sanitaires effroyables de typhus. Des enfants servent de cobayes aux expériences du Docteur Mengele. Des gazages sont effectués.
Au total 11.700 Tziganes ont péri en 17 mois à Auschwitz. Il y a eu des Tziganes dans tous les camps de concentration, au bloc 47 à Buchenwald, au bloc 6 de Mauthausen.
Le chiffre total des victimes Tziganes des crimes nazis le plus communément donné est celui de 220.000. A la vérité on ne connait pas les chiffres exacts, ils oscillent entre 50.000et 500.000.
2. Les motifs du génocide des Tziganes :
« La politique nationale-socialiste en ce domaine a revêtu une triple dimension ». Elle a d’abord classé les tziganes parmi les « asociaux » des grandes villes et leur a réservé le même traitement. En deuxième lieu, elle les a rejetés comme « fardeaux inutiles » pesant sur les finances publiques au lieu de contribuer au produit national. Enfin elle les a exclus de la Communauté allemande en raison de leur différence raciale.
Le fondement juridique de cette évolution législative sont les lois raciales de 1935. Ces lois raciales comptaient déjà les Tziganes parmi les groupes de races étrangères de sorte que par extension on a pu leur appliquer progressivement la réglementation d’exception et les décrets arrêtes concernant les Juifs. D’après cette législation, était définie comme Tzigane toute personne comptant plus de deux Tziganes parmi ses grands-parents, était « semi-Tzigane » toute personne comptant un ou deux Tziganes parmi ses grands-parents.
Après la guerre on a souvent mis en doute le caractère racial de la persécution des Tziganes. Pourtant un mémorandum de décembre 1938 adressé à Himmler indique clairement le caractère racial de ces mesures. Il est écrit dans le document « Interdiction de tout métissage entre Tziganes et Allemands », séparation entre Tziganes de « race pure » et « métissés », stérilisation et isolation des « métissés : tous objectifs annonciateurs du génocide à venir.
L’un des hommes clé de cette politique raciale est le médecin Robert Ritter. Dans un rapport sur l’emploi des Tziganes d’Aout 1941, il introduit un raffinement nouveau dans la classification des Tziganes. Cette distinction n’avait pas pour but un traitement différent mais un en enregistrement plus précis, plus complet de la totalité des Tziganes. De ce fait, les Tziganes de nationalité allemande furent internés et persécutés, de la même façon que ceux pris dans les rafles dans les territoires occupés. Plus les troupes allemandes avançaient vers l’Europe de l’est et du Sud-est, plus il y avait de Tziganes tués.
A partir de 1942 et en 1943, l’extermination commence.
Le 20 Mai 1942, le Service d’information du Bureau politique racial du parti nazi décrit ainsi le statut des Tziganes :
« Parce qu’ils portent certains traits raciaux semblables à ceux des Juifs, il est logique de les traiter comme les Juifs ». La fureur de ce génocide n’épargna presque aucun pays européen. Les persécutions visaient presque tous les Tziganes d’Europe, les populations les plus lourdement décimées étant celles d’Allemagne, de Pologne, de Hongrie et de Bohème.
On note aussi que les tziganes se trouvaient ainsi exposés à toutes formes de sévices et de brutalités. Dans les camps de concentration d’Auschwitz et et de Ravensbruck, ils ont subi les expérimentations médicales les plus cruelles, dans le cadre de recherches à la fois « raciologiques et militaires ».
La question du nombre de victimes est délicate dans la mesure où les statistiques ne furent pas tenues avec soin. Dans les territoires occupés de l’Est, on assista à d’innombrables massacres et exécutions sommaires pour lesquels nous ne disposons pas de données chiffrées. Par ailleurs, peu nombreux sont les survivants qui purent témoigner. Ce n’est que tout récemment que des chercheurs ont commencé à recueillir une documentation sur ce génocide, allant à la recherche de témoignages de quelques survivants. Par ailleurs, après la guerre en Allemagne, contrairement à l’attitude envers les Juifs « aucune compassion, aucune compréhension ne se sont manifestées à l’égard des Tziganes pourtant persécutés avec le même acharnement ». C’est avec indifférence qu’on a pris connaissance du fait qu’il y avait eu également des Tziganes parmi les victimes. Les tracasseries administratives et les menaces de la Police ont continué à frapper les tziganes après 1945.